Ma petite Renarde de 2 ans et demi joue dans le salon. Son petit frère Koala de 6 mois est sur son tapis avec ses jeux lui aussi. Soudain, je vois ma Renarde qui, d’un pas décidé, se lève et va s’emparer un à un de tous les jouets de son frère. Elle lui enlève tous, jusqu’à celui qu’il a dans les mains et les pose sur le canapé hors d’atteinte de petit Koala.
Heureusement, pas de crise! Mon tout petit semble s’y faire et ne réagi que par un regard étonné.
Je dis à mon mini Renard « C’est vraiment difficile de partager ses jouets« . Elle se retourne et me regarde sans rien dire.
J’ajoute : « Peut être pourrais tu réfléchir à les partager bientôt?? Par exemple : commencer par choisir le jouet que tu veux bien lui prêter ? Ou encore lui prêter pour un tout petit moment et le récupérer après? Je suis sûre que tu trouveras ta solution bientôt.
Pour le moment il n’a pas de jouets, crois-tu qu’il s’ennuie? » (J’aurais pu découper un peu toutes ces infos. Elles étaient un peu longues à comprendre et à intégrer pour ma toute petite fille. Mais c’est sorti comme ça sur le moment ;)
Et immédiatement, je vois mon grand bébé Renard regarder tous les jouets et en choisir un à distance. Puis, elle se dépêche d’aller le chercher et l’apporte à son frère. « Tiens Louis, ça va? »
Puis elle repart aussitôt dans ses jeux.
Un autre jour, je remarque à peu près la même scène. D’un coup, elle saisit les jouets de son frère et les jette un à un hors du tapis. Je suis en train de préparer le repas dans la cuisine ouverte sur le salon. Je choisis volontairement de faire celle qui n’a rien vu.
Je l’entends se ressaisir et dire « Oh désolée Louis, tiens » et elle lui tend un jouet. Sauf qu’elle lui reprend tout de suite. Aie!!! Cette fois mon mini Koala s’exprime en râlant un peu. Je prend sur moi pour me taire. Petite Renarde ne réagit pas aux plaintes de son frère. Alors j’interviens en m’adressant à mini Koala « Les jouets sont tous partis, tu sembles frustré mon amour » et cette fois à ma Renarde « J’ai l’impression que Louis est frustré de ne pas pouvoir jouer » « Que peut on faire pour lui? »
Tout de suite elle lui rapporte un jouet qu’elle lui laisse cette fois.
Une autre fois, je la vois lui arracher un jouet des mains. Je ne réagis pas préférant voir ce qu’elle va choisir de faire. Mon petit gars se plaint. Quelques secondes plus tard, je vois ma petite fille saisir un autre jouet et lui apporter. Et cette fois elle choisit de lui laisser. Petite victoire 🙂
Aujourd’hui, après ces scènes répétées au cours de la même semaine, elle ne vient presque plus lui enlever les jouets des mains. Cela arrive mais j’ai constaté un grand changement, c’est qu’elle a des clés pour choisir ce qu’elle peut faire. Des fois, elle est fâchée ou contrariée et elle n’a pas envie de choisir l’empathie. Alors j’interviens en lui disant par exemple: « Je vois ma petite fille qui a l’air contrariée ». Puis je vais vers mon tout petit pour lui dire « je crois que ta soeur n’a pas voulu t’embêter en t’enlevant les jouets. Tu me sembles frustré. Voilà un autre jouet pour toi » (En les écrivant, ces tournures de phrases ne semblent pas naturelles du tout 🙂 Mais plus on les utilise, plus elles sortent toutes seules et deviennent fluides je vous assure 😉 )
Ma fille semble intégrer peu à peu la notion de prêt surtout lorsqu’ils ne sont pas sur la même activité. Lorsque mini Koala n’a pas de jouets, maintenant elle va même jusqu’à lui apporter de quoi s’occuper. Parfois, c’est fait de façon un peu brutale ce qui me laisse penser que c’est peut être encore un peu difficile et fragile.
Ma mini Renarde a, en revanche, un petit panel de jouets qu’elle n’accepte de prêter sous aucun prétexte : tout ce qui concerne ses jeux de poupées, ses livres, son Doudou…
Qu’est ce qui a marché?
- L’empathie : Commencer par se mettre à la place de son enfant et exprimer une phrase qui montre que vous comprenez pourquoi il éprouve tel ou tel sentiment (frustration, colère….). L’enfant se sent compris et prêt à écouter plutôt qu’à s’opposer ou se mettre en posture de contradiction.
- Proposer des solutions pour « réparer » : on remplace le « ce n’est pas gentil de faire ça » par « j’ai l’impression que ton frère est frustré, que peut on faire pour lui? ». Si l’enfant est plus grand il pourra vous proposer des solutions. Pour les tout petits, orientez-le en lui proposant des idées. Il choisira la solution qui lui convient le mieux parmi vos propositions.
- La description sans accusation. Décrire objectivement la situation sans utiliser le « tu » qui accuse. On remplace « Ta soeur t’a enlevé tous tes jouets mon pauvre » par « Les jouets sont tous partis (description), tu sembles frustré mon amour (empathie) ». Ou encore le « C’est pas bien de faire ça » par « Je vois ma petite fille qui a l’air contrariée »
- Les laisser gérer (une fois que vous leur avez donné des clés) et n’intervenir que si la situation est bloquée (lorsqu’ils sont plus grands on peu même complètement les laisser gérer seul). Veuillez à intervenir sans accabler toujours dans la description objective de la situation « Je vois deux enfants mécontents » ou encore « Les jouets sont tous partis » ou « Je vois que ton frère n’a plus de jouet » ….On a encore du travail mais j’ai trouvé cela très efficace en peu de temps.
Et vous faites vous pour gérer le partage?
Je prends des notes et je mets en pratique dans 1 mois et demi !